Le samedi, s’il pleut un peu trop

Le samedi c’est le jour des cadeaux. C’est aussi le jour où il faut aller récupérer la Box de Christine, auprès du gardien de son immeuble. Elle avait décidé de passer le week-end ailleurs, et de se trouver un très bon ami qui n’aurait rien de mieux à faire.
Le samedi c’est le jour où les magasins sont ouverts aussi. Le samedi s’il fait beau, les gens sortent. Et là, il pleut. Le samedi, il y a vraiment beaucoup de choix qui s’offrent à moi et je ne sais pas par où commencer.

Je décide de me débarrasser du plus encombrant. La Freebox de Christine, rien de plus simple et puis c’est sur mon chemin. Ensuite, je m’en irai errer dans les magasins à la recherche du cadeau de mon petit frangin.

J’entre dans la petite loge du gardien. Pour récupérer l’engin cubique, il me faut ce qu’il appelle « le petit papier ». Je fouille dans la boite aux lettres de Christine, n’y trouve rien. L’homme de la loge semble être d’origine Martiniquaise. « Ah il n’y a pas le petit papier ! Alors pas de colis ! » Il me montre le « petit papier » type recommandé que je dois lui donner. Je réfléchis, fais un tour d’horizon de la petite pièce dans laquelle je me trouve. Mes yeux s’arrêtent sur un carton, à ses pieds.
« C’est peut-être un indice », lui dis-je.
Il se penche, lit le nom qui y est associé. Christine T. On est sur la bonne voie !
« Ah oui ! », après un long moment d’arrêt Martiniquais, il continue : « Mais il n’y a pas le petit papier… »
Ah !…
On parle d’un bout de papelard que le gardien d’après midi avait sûrement oublié de remplir en accusant réception du colis. Le moment est grotesque, mais il me faut cette Freebox. Je négocie pendant 10 bonnes minutes. Je fais des courbettes, des sourires, des blagues même. « Mais il n’y a pas le petit papier ». Je finis par laisser copie de toutes mes cartes : identité, permis de conduire, UGC et je repars avec mon colis sous la main.

Le samedi, il faut trouver un cadeau pour Ben, mon p’tit frère. Il faut se creuser la tête pour trouver le bon. Pour un garçon, c’est pas si simple. Automatiquement, on élimine une nouvelle moto, une super voiture, un avion à réacteur. Le bateau, on se l’offrira tous les deux. On élimine tout ce qui ressemble à un cadeau de fille. Et puis finalement, on ressort de chez le fleuriste avec, en poche, un mur végétal. Il est stupide le moment où j’arrive à ma moto avec mon mur végétal dans les mains !

Après avoir trouvé une solution de génie pour rentrer chez soi, on s’affale dans son fauteuil en cuir beige récupéré cet été sur le « décor Squat » d’un tournage de téléfilm.
Le film passe ce soir sur M6, ca ne se rate pas ! Chaque scène, chaque plan du film, c’est un souvenir. Une galère, une cascade en plein Paris. On se rend compte que régisseur, finalement, c’est pas un métier en l’air. C’est le dernier maillon de la chaine, c’est contrôler la circulation, être attentif aux mouvements de foule, ca sert tout le monde, même si personne ne le reconnaît vraiment.

Le samedi soir, si je suis bien au chaud chez moi, si mon mur végétal trône bien sur ma table, si ma télé est bien allumée, je commence tout juste à me laisser aller à mes souvenirs de cet été. Ce samedi soir, ma vie aurait pu être différente, mais j’en avais décidé autrement. Le samedi soir, je me rends compte que quoi il arrive, la vie continue encore et toujours.

A propos Beno's Book

Les cuisses de Régine, les yeux de Georges mes héros, la grande grise, le grand barbu, le bain moussant... Les yeux fermés.
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