Au revoir Monsieur le Président

Le malaise du 21ème siècle ne se nourrit très probablement pas de ces élections.
Ma grande tristesse de ces présidentielles, là voici.

Le malaise de notre époque ne tient pas en un seul débat entre deux Hommes, l’un en face de l’autre, qui proposent des réponses à des questions dont ils ne sont pas seuls maitres. Le malaise de notre temps est économique, social, Républicain. Nous le savons tous. Il tient en une multitude de choses, je le pense, dont il est impossible pour un seul Homme d’en assumer la pleine et entière responsabilité. Le malaise que nous éprouvons aujourd’hui ne trouve pas ses racines en un seul être qui promet, l’autre qui ment, puis un troisième qui dément. Il ne nait pas dans l’égoïsme non plus.

Le malaise du 21ème siècle se fonde, très certainement, dans la violence humaine.

Je ne jugerai pas un Président Français sur un trait de son caractère, pas non plus sur des erreurs… De parcours. Je ne veux pas juger un Homme qui trouve la force aujourd’hui, de prendre en sa possession tous les pouvoirs… Ceux de notre Grande Nation. Je ne jugerai pas un Homme qui ose. Pas celui qui a eu le courage d’affronter la très grande crise de notre siècle. Une crise humaine, sociale, économique et malheureusement environnementale.
Pour ne pas le citer, je ne jugerai pas M. Sarkozy pour des erreurs, dont je dirais, qu’elles sont des erreurs des parcours, peut être des erreurs de communication.
Je ne jugerai pas M. Sarkozy d’avoir tout tenté pour garder la tête de la France hors de l’eau, sans vouloir dire que M. Hollande ne le fera pas lui-même à son tour. J’ose espérer qu’il saura le faire.
Je ne jugerai pas un Homme, sur la manière très propre, qu’il a eu de gouverner un pays en crise, dans un monde alentour paniqué lui-même. Je ne condamnerai pas un Homme qui a trouvé la force de convaincre 53% de Français de l’élire Président de la République Française, en 2007. Et je ne perdrai pas mon temps à condamner ce même Homme qui a su assumer son entière responsabilité, pour des fautes dont il est oui responsable. Je ne le condamnerai pas, car il a su gouverner un pays de près de 70 000 000 de citoyens et tenir ce gouvernement sans révolte, ni sans guerre.
Regardons de plus près ce qu’il se passe ailleurs…

Nous sommes les égocentrés, les egocentriques. Nous sommes, nous-mêmes, les responsables.

Le malaise de notre temps vient de celui que nous bâtissons tous les jours sur les toiles impalpables de nos vies. Il vient en grande partie de la violence des mots et la violence humaine qui nous est propre, à l’égard de ceux qui dirigent notre pays et qui ne sont que de vulgaires êtres humains. Il nait également de la violence de ceux qui injurient le Président de ce dernier quinquennat. De ceux là mêmes, petits citoyens, qui ne prennent pas la mesure d’une telle place. Celle de Président de la République Française.

Le mépris que j’ai pu observé au cours de ces dernières semaines vis à vis de ces gens qui font la République, qui la forgent et qui tentent par tous moyens de la garder intacte, me répugne au plus haut point.

Qu’on ait pu huer, violenter, injurier, le Président de la France, encore une fois, malgré des erreurs qui sont les siennes, pour des raisons dont je ne comprends pas la signification, je ne le pardonne pas.
Qu’on ait pu le traduire devant une justice dont je dirais qu’elle s’est construite sur les murs bancals d’un inconscient collectif, me révolte.
Qu’on ait pu sanctionner notre dirigeant pour de fausses raisons, dont on connaît bien évidement tous les tenants et les aboutissants, me fustige.
Qu’on ait pu trouver, en nous-même, tant de haine contre un seul homme pour éviter à tout prix de penser que nous sommes les seuls fautifs de notre désespoir, me débecte au plus haut point.

Je ne fais pas partie de cette France là. Je ne fais pas partie de ces gens là qui n’assument rien. Je ne suis pas de ces citoyens qui ne prennent aucune position, ou si, surtout celle qui pourrait me protéger un temps de moi-même et de ma lâcheté pour cette société dont je vois, passive, qu’elle dépérit doucement.

Dimanche, j’ai voté M. Hollande. Non pas, par Anti-Sarkosisme, pas non plus par anticapitalisme, mais je crois, dans l’espoir d’un pays plus doux, dont les valeurs sociales sont à défendre, pour moi, mais pas seulement. Pour les enfants de la République.
J’ai voté M. Hollande, dans l’espoir qu’il ne devienne pas l’Homme du pouvoir, mais le pouvoir de la France.
J’ai voté M. Hollande pour des valeurs humaines, fondamentales, inscrites dans notre société. Des valeurs que ce même Homme ne cesse de défendre avec grande conviction, accoudé à son pupitre, détendu, aux côtés de M. Bérégovoy.
C’est ce que j’aime à croire… Qu’il est confiant.

J’ai voté M. Hollande, non dans la violence, non dans l’irrespect, non dans un « n’importe quoi de masse », mais dans un espoir.

« Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour !
J’attends. »
Emile Zola.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République Française, car vous l’êtes encore à ce jour, l’assurance de mon plus profond respect.

A propos Beno's Book

Les cuisses de Régine, les yeux de Georges mes héros, la grande grise, le grand barbu, le bain moussant... Les yeux fermés.
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Un commentaire pour Au revoir Monsieur le Président

  1. Yéti dit :

    Merci pour ton témoignége. Je te rejoins pleinement sur la responsabilité que nous partageons toutes et tous, et l’accusation, la violence si répandue est je crois une des causes de notre malheur.
    Je suis impressionné de lire ton texte, je partage!…

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